Il est difficile de devenir riche en travaillant dans la finance ? Le bon créneau : les pays en développement

LE MONDE | 07.03.08 | 16h18

Warren Buffet est rassurant pour l’industrie de la finance. Le sage d’Omaha (Nebraska) a été consacré l’homme le plus riche du monde par le magazine Forbes, devant Bill Gates, le fondateur de Microsoft. M. Buffet doit sa fortune aux investissements de Berkshire Hathaway, au départ une entreprise spécialisée dans le textile, qui est vite devenue un fonds d’investissement.

Le talent de M. Buffet pour déceler les bonnes affaires et éviter les mauvaises est légendaire. Peu d’investisseurs peuvent rivaliser avec lui dans ce domaine sur la liste dressée par Forbes. Seules huit des cent personnalités les plus riches du monde ont fait fortune dans la finance. Et seules trois d’entre elles – Carl Icahn (46e), Petr Kellner (91e) et George Soros (97e) – peuvent se prévaloir d’une perspicacité “à la Buffet”.

De fait, pour gagner beaucoup d’argent en ce moment, le mieux est de se bâtir un empire dans un pays pauvre. Quinze des vingt personnalités les plus riches du classement de Forbes – et 42 parmi les cent premières – ont suivi ce modèle. C’est le cas du roi des télécommunications, le Mexicain Carlos Slim (2e) ou d’Abdul Aziz Al -Ghurair (100e), le banquier des Emirats arabes unis – ce pays était en développement quand cet homme d’affaires a commencé sa carrière.

Cet état des lieux fait sens. Il y a traditionnellement peu de concurrents dans les pays pauvres, où il est donc plus facile de dégager de gros profits. Les connexions avec les réseaux politiques semblent aussi rapporter plus dans les pays en développement.

Les marchés financiers, eux, sont à l’autre extrémité du spectre. Ils sont très concurrentiels, ouverts à tous et plutôt transparents, conformément aux standards des pays riches. Nombre d’entre eux sont des jeux à somme nulle, où les gains sont compensés par des pertes. Voilà pourquoi les multimilliardaires issus de ce monde sont si rares.

La Kerviel attitude fait des émules dans l’industrie pétrolière

Du pétrole, toujours du pétrole.

On apprend ce matin que la compagnie pétrolière, fleuron de l’industrie tricolore, longtemps enviée pour son mirifique bénéfice de 13 Milliards d’Euros, fera cette année un résultat net de 1 euro.Cette perte de 13 Milliards est due aux prises de position frauduleuses d’un ingénieur du groupe, agissant seul et au delà du pouvoir d’engagement qui était normalement le sien. Chaque nuit, depuis 6 mois, il interceptait deux super tankers de brut à leur départ du champs de Moho – Bilondo, riche producteur du Golfe de Guinée, tout en surveillant la dérivation du pipe line Russie-Europe qu’il avait installé pendant ses RTT et la dizaine de têtes de puits sous-marines clandestines posées pendant ses congés d’été. Trompant la supervision active de ses supérieurs, et sans que ceux-ci aient le moindre doute, il transférait 550000 barils de brut quotidiennement dans la citerne de sa maison de banlieue, adroitement camouflée sous le jardin. Conduisant seul ses camions citernes, il n’avait jusque là pas éveillé le moindre soupçon en garant les 550 semi-remorques dans l’étroit espace sis devant sa maison.

A l’insu de son management, il écoulait les cargaisons de brut sur le marché gris, en dehors des plates-formes de trading gré à gré londoniennes, sous une fausse identité, engrangeant les profits dans un compte anonyme à Zurich.

Cet ingénieur, ancien stagiaire de l’entreprise dans une station service du périphérique parisien, a mis à profit sa connaissance approfondie des procédés de comptage des pompes pour tromper les procédures de contrôle extrêmement pointues mises en place pour éviter de telles actions.

La direction de Total affirme qu’elle n’a appris la fraude qu’au dernier moment, et que l’employé indélicat ne s’est à aucun moment personnellement enrichi aux dépens du groupe. La famille de l’ingénieur le décrit d’ailleurs comme un individu fragile et sans histoire qui avait du mal à payer le plein de kérosène de son Falcon 900. Les ressources humaines l’évaluaient comme un individu sans ambition ni génie particulier. Son gestionnaire de carrière évoque un personnage sans relief, incapable de la moindre initiative.

Le PDG rassure les actionnaires en leur signalant que, malgré ces pertes abyssales, le Groupe ressort de cette affaire renforcé, et que les réserves stratégiques de pétrole restent au plus haut. Pour le dirigeant, rien de grave dans une affaire somme toute, complètement sous contrôle et très saine. Le dividende de cette année restera donc stable, tout en accompagnant une augmentation du prix du litre de super encore indéterminée, permettant des économies de carburant favorables à l’environnement.

La revente, ce week-end de plus de 1.2 Milliards de barils a causé un impact considérable sur le marché international des hydrocarbures, accentuant par là même, dans un effet de levier immédiat, la baisse du prix du baril. Le gouvernement français assure que Total n’est pas responsable de la chute immédiate du prix à la pompe pour compenser ce redressement pharaonique.

Selon le ministère de l’Intérieur, la fraude a été découverte lors d’un contrôle de routine sur l’autoroute, lorsqu’un paysan du Quercy a été intercepté avec un jerrycan de fuel provenant d’une cargaison douteuse. Cette anomalie n’a pas échappé aux limiers de la brigade financière, qui interrogent actuellement le suspect. Il a reconnu les faits, et signale que l’ensemble de l’argent issu des transactions est certes parti en fumée, mais qu’il n’y a là aucune malversation, “de nombreux milliards de barils restant à découvrir”. Des rumeurs de rachat de Total par le groupe alimentaire allemand Lidl parcourent actuellement les places financières.

Le PDG du groupe à renoncé à son salaire des dix prochaines années, en expliquant notamment que ses 150 millions d’euros de prime de fin d’année suffiront à lui maintenir un niveau de vie proche de celui du public. La perte financière, représentant quant à elle, 10 825 000 années de SMIC, signifie qu’il sera nécessaire de réévaluer les processus de retraites et justifie un plan d’austérité sans précédent. Le milieu pétrolier se dit profondément désolé de cette perte de pétrole et jure qu’on ne l’y reprendra pas.

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